Polémique 5G : une opportunité de débat démocratique?
Alter Numeris, ce sont des chercheurs et des penseurs qui réfléchissent les enjeux de la société numérique.
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Polémique 5G : une opportunité de débat démocratique?

L’annonce du lancement de la 5G light dans une trentaine de communes du pays est importante. Au-delà des controverses et des polémiques qui s’annoncent sur le déploiement de cette technologie spécifique, ce qui se joue est d’une portée bien plus vaste et fondamentale.

L’annonce

Ce mercredi 1er avril, Proximus a lancé, pour la première fois en Belgique, la 5G light dans une trentaine de communes du pays. L’entreprise utilisera les bandes de fréquences qu’elle détient actuellement ainsi que les antennes existantes, et respectera les normes d’exposition aux champs électromagnétiques en vigueur. Dans sa stratégie, l’entreprise s’engage à accélérer fortement le déploiement de la 5G.

Sur la forme, la réaction de certaines communes concernées ne s’est pas faite attendre puisque certaines d’entre elles auraient été averties par voie de presse, déplorant être ainsi mises devant le fait accompli et regrettant l’absence de concertation avec les autorités et la population. La dimension unilatérale de l’annonce pose question quand on connait les efforts réalisés par certains élus locaux pour susciter l’implication citoyenne dans le débat numérique.

Sur le fond, les préoccupations qui montent sont d’ordre divers et on peut s’attendre à une cristallisation autour d’enjeux sanitaires, écologiques ou socio-économiques. En Suisse, par exemple, sous le coup de mobilisations citoyennes inquiètes de l’impact des rayonnements sur la santé, la 5G fait face, un an après l’attribution des premières licences d’exploitation, à une série de moratoires visant à interrompre les nouvelles installations d’antennes.

Les raisons de l’urgence

La promesse commerciale de la 5G, c’est l’augmentation des débits, la diminution des temps de latence et la possibilité d’un nombre plus important de connexions. L’erreur serait de penser que, sous couvert d’accélérer nos vitesses de téléchargement, la 5G n’est qu’une transformation à la marge. Il y a beaucoup plus en jeu … Cette nouvelle architecture est sensée permettre le développement à grande échelle de l’internet des objets et d’une société organisée autour de la donnée. Les implications sont concrètes et variées: automatisation du travail, villes intelligentes, robotisation des transports, domotique connectée, etc.

Autant de sujets qui mettent à l’épreuve des pans entiers de nos existences individuelles et collectives. Car s’ils promettent de nouvelles formes d’efficience, de confort pratique et de rapidité de satisfaction de nos demandes, ils posent également des tensions majeures sur le plan de l’autonomie, du respect de la vie privée, la protection de l’environnement, de la solidarité ou le respect de l’humain face aux risques de déshumanisation. Des questions d’une teneur hautement politique qui ne doivent pas se dissiper dans les enjeux immédiats liés au déploiement de la 5G.

Sur les fondations de la 5G, la maison numérique

Chacun s’accorderait à dire qu’il est idiot de creuser les fondations d’une maison dans laquelle nous ne sommes pas certains de vouloir emménager ni même sans savoir comment nous souhaiterions y vivre. Il serait aussi idiot de désirer à grande échelle la 5G sous le coup d’un intérêt commercial ou d’un suivisme généralisé tout comme de la rejeter par principe ou dans la hâte. Et de poser un pas de recul démocratique indispensable pour adresser, de manière prospective, l’essence du véritable débat: Quelle société numérique voulons-nous voir émerger demain? À la poursuite de quelles finalités et au service de quel projet collectif ces technologies doivent-elles servir?

L’actualité de ce débat est souvent radicale tranchée. D’un côté, les promoteurs d’une société basée sur l’exploitation de la donnée y voient d’infinis débouchés en termes de croissance économique, de bien-être individuel et de réponse aux problèmes du moment. De l’autre, des voix questionnent le risque de l’avènement d’une société automatique, d’une intensification des modes de surveillance, de l’exploitation écologique ou d’une marchandisation de tous pans de l’existence.

S’il convient d’adresser toutes les préoccupations que posent l’introduction d’un technologie telle que la 5G, elle ne doit jamais détourner de la question de ses finalités et du projet dans lequel elle s’inscrit. À l’opposé d’une logique du fait accompli, nous avons un besoin urgent de politiques d’innovation ouvrant à une pluralité de futurs numériques à habiter. Ces transformations requièrent d’être abordées dans les arcanes d’un débat démocratique digne de ce nom capable de donner lieu, sur le fond et sur la forme, à une transition numérique porteuse de sens commun.

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